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Rowan Tree

Histoire du morceau :

Source (http://cornemusique.free.fr)

 

Lorsque l’on demande à un écossais de nommer un arbre associé à sa contrée, l’arbre de Rowan lui vient immédiatement à l’esprit. L’arbre de Rowan (Sorbus Aucuparia ou Sorbier des oiseaux), est très répandu dans le nord de l’Europe et de l’Amérique du Nord (Sorbus Americanus). Relativement petit, il est connu pour ses jolies fleurs blanches en mai et ses baies rouge vif. C’est de là que lui vient son nom tiré du mot gaélique « Rudha-an » (red one) qui, prononcé à l’anglaise, donne "rowan".

 

Selon la tradition celtique l’arbre de Rowan offrirait une protection contre les mauvais esprits. Aussi en avoir un chez soi porte bonheur et le couper apporterait le malheur... ce qui explique sa relative prolifération en Ecosse. La nuit précédant la fête du premier mai (dans certains endroits appelée "The Rowan Tree Day"), des brins de Rowan étaient souvent ficelés à la queue des vaches et des chevaux pour les protéger et les moutons devaient sauter à travers des cerceaux faits de Rowan. Des branches de Rowan étaient souvent placées dans les étables et les écuries pour le même objet et les tabourets et les seaux destinés à la traite étaient également faits de bois Rowan. Des brindilles de Rowan étaient placées au-dessus de la porte ou sous les lits, pour éloigner les mauvais esprits. Des colliers de baies de Rowan enfilées sur du fil rouge offraient la protection aux femmes des Highlands qui le portaient. Une croix sculptée dans le Rowan, renouvelée chaque 1er mai, était placée au-dessus du berceau des enfants pour les protéger de l’envoûtement. Des arbres de Rowan étaient souvent plantés à proximité des églises et des cimetières pour chasser les mauvais esprits et assurer la quiétude des morts. Les cercueils en transit vers les cimetières étaient temporairement déposés sous un arbre de Rowan afin de protéger les âmes des mauvais esprits avant la mise en terre.

 

Mais l’arbre serait aussi ensorcelé que magique. Il a été dit que manger une de ses baies, au goût de miel, rendait la personne ivre, qu’en manger deux la rendrait centenaire et qu’en manger trois permettrait de conserver sa physionomie de trentenaire jusqu’à la mort. Pour protéger les arbres de Rowan contre toute dévastation et consommation immodérée de ses baies, on en confia la garde à un géant nommé Sharvan qui vivaient dans la forêt. Il s’acquitta si bien de sa tâche que l’on n’entendit plus jamais parler des rares personnes qui auraient tenté d’investir la forêt pour profiter de la magie des arbres de Rowan.

 

Enfin, une approche de l’astrologie identifie 21 arbres considérés comme sacrés par les anciens Celtes. Chacun représente une période de 9 jours au cours du cycle de la lune. Le Rowan (la sensibilité) représente ceux qui sont nés entre le 1er et le 10 avril et du 4 au 13 octobre. Les natifs de cette période seraient pleins de charme, souriants, doués, sans égoïsme. Fuyant la solitude ils aiment la bonne compagnie, adorent la vie, le mouvement, l’agitation et même les complications. Ils sont à la fois dépendants et indépendants, ils ont un bon goût, le sens artistique, se passionnent mais très émotionnels ils ne pardonnent pas.

 

L’omniprésence de l’arbre de Rowan dans les Highlands ne pouvait que le désigner à devenir le thème et donner son nom à l’une des marches régimentaires traditionnelles les plus connues.

 

Si l’origine de la mélodie est inconnue, les paroles datent de 1822 et ont été écrites parCarolina Oliphant, également connue sous le nom de Lady Nairne (1766-1845). Elle est née à Gask House, Perthshire, le 16 août 1766. Elle avait trois sœurs et deux frères. Son père, en avance sur son temps, considérait que les filles devaient être instruites à l’égal des garçons. Son père, Laurence Oliphant, et la famille de sa mère, les Robertson de Struan, étaient des partisans acharnés du mouvement Jacobite (c’est pour cela que son père avait choisi le prénom de Carolina, pendant féminin de celui du jeune prétendant Bonnie Prince Charlie). Son père et son grand-père durent quitter l’Ecosse après Culloden. Leurs terres ont été achetées par des parents, lors de la vente des biens confisqués. C’est en souvenir de cette période qu’elle composa des chansons Jacobites restées parmi les plus célèbres : "Will Ye No’ Come Back Again", "Charlie is My Darling" et "One hundred pipers".

 

Dans ses jeunes années, jolie et énergique, elle avait un vif penchant pour la danse. Niel Gow, le célèbre violoniste, était un contemporain, et ils ont ensemble adapté les mélodies populaires avec de nouveaux textes. Le 2 juin 1806, à l’âge de 41 ans, elle épouse son deuxième cousin, le major William Murray Nairne. Ils resteront à Edimbourg jusqu’à la mort de ce dernier en 1830. C’est à cette époque qu’elle se consacra à son projet de promotion et de préservation des chansons de l’Ecosse. Mais il n’était pas de bon ton pour les dames de son rang de montrer ses talents et de s’adonner à l’écriture. Elle dissimula donc délibérément son identité sous le pseudonyme de BB, ou Mme Bogan de Bogan et fit éditer plusieurs recueils sans même que son mari ne le sache. En 1824, le Parlement ayant rétabli les pairies confisquées aux Jacobites elle devient la baronne Nairne. Son mari décédé, elle parcourt assez longuement (avec son fils invalide, est né en 1808) le monde. Son fils meurt à Bruxelles en 1837 mais cédant enfin à ses proches, elle ne retourne en Ecosse qu’en 1845. Fatiguée et malade, elle rend le dernier soupir à son domicile de Gask le 26 octobre 1845, à l’âge de 79 ans. Deux ans après sa mort, un recueil posthume de ses versets, Lays de Strathearn, préparé par sa soeur, est publié sous son vrai nom. Au total, Carolina Oliphant a écrit ou adapté 87 chansons et poèmes tout au long de sa vie secrète de poète. Bien que peu nombreux soient ceux qui connaissent son nom, les poèmes et chansons de Carolina Oliphant suivent ceux de Burns au palmarès de la popularité. Aujourd’hui encore de nombreuses de ses oeuvres sont attribuées à Robert Burns, James Hogg ou Walter Scott. La capacité créatrice de Lady Carolina Nairne n’a malheureusement pas été reconnue à sa juste valeur, mais les écossais lui doivent une grande partie de leur patrimoine musical. C’est également la jeune poétesse qui stimula Burns à écrire des paroles dignes des mélodies qui les accompagnaient.

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